Par Delà Aman'Thul et Sargeras, Chapitre Quarante cinquième

C'est dingue, il y a toujours des murmures dans le Grand Hall, toujours un bruissement perpétuel, la somme des dires des nains, se dit Hedvig en arrivant au milieu des reliques et des souvenirs de son peuple. Sa joue saignait toujours. Elle connaissait encore le chemin par cœur. Derrière l'une des plus vieilles bibliothèques, une petite porte, discrète, de bois, se dressait timidement face à l'histoire qui s'oubliait inexorablement, car plus personne ne venait lire les livres, car tout le monde en écrivait. De cette porte, Hedvig avait la clé.
Derrière, il y avait un bureau. Une petite pièce. Pas de fenêtres, mais des tableaux. Hedvig sourit. Une grande table, poussée contre un mur, prenait la poussière, poussière qui dansait mollement aux rythmes des courants d'air qu'Hedvig venait d'apporter. Tout de pierres blanches, voûté comme une vieille naine usée, l'espace était éclairé d'une unique bougie, dont la lumière se multipliait par un savant mélange de miroirs, étalant des centaines d'étoiles d'or sur les cieux rocheux. Les murs étaient couverts de livres et le sol de feuilles. Hedvig ramassa celle à ses pieds. C'était une carte. Elle sourit.
-Tout est resté en l'état.
La voix venait de derrière elle, mais elle n’eut pas peur. Le timbre était familier. Elle se retourna et vit un très vieux gnome, chauve, à la longue barbe grise et à la chemise rapiécée. Il s’avança vers elle en souriant de ce sourire qu'on les vieux gnomes.
-Je n'ai touché à rien. Enfin, je n'ai touché qu'à ce que je devais, qu'à ce à quoi vous m'aviez autorisé à toucher. J'ai éloigné les curieux, payé les loyers, entretenu les ouvrages, changé la bougie, nettoyé les pierres, la suie qui était sur les pierres, les tâches et les restes de cire qui étaient sur la table, j'ai nettoyé la poussière, souvent, mais elle revient toujours, elle revient beaucoup plus que vous, elle revient même beaucoup plus que moi, j'ai eu beau venir tous les jours, il y a toujours de la poussière, mais je l'ai nettoyé, j'ai traité le cuir des plus vieux livres, j'ai chassé un chat un jour qui s'était introduit, il n'y a que les chats pour s'introduire comme cela dans des endroits pareils, je ne sais pas comment il a pu faire, je ferme toujours la porte, j'ai toujours fermé la porte, je n'ai touché à rien de plus, et j'ai attendu. Je savais que vous reviendriez. J'avoue avoir lu, tout de même, la plupart des oeuvres, sauf celles à la couverture jaune. Comme vous me l'aviez interdit je... Tout va bien ?
Hedvig pleurait.
-Oui, Tournemille. Tout va bien.
-Qu'est ce que c'est que ça que cette armure ?
-Mh ?
Elle se regarda. Elle portait encore la tenue de la Brigade, couverte de sang, reflétant la bougie et scintillant comme des écailles.
-Vois-tu, Tournemille. J'étais un oiseau et je suis un poisson.
Ils rirent. Tournemille lui demanda de lui raconter. Ce qu'il s'était passé, depuis le temps, des aventures, tout. Hedvig, déambulant entre les étagères, tirant quelques ouvrages à elle avant de les reposer, classant, raconta. Qu'elle était allée en Pandarie, qu'elle avait vue maintes choses, que les découvertes avançaient, que l'heure approchait, que les gens étaient décevant, mais pas tous, mais pas toutes, elle n'osa pas parler d'Heidell. (Rajouter des descriptions, peut-être de la poussière ?) Elle était assise à la table. Elle caressait le bois clair et taché d'encre sombre. Vous allez rester, maintenant ? Demanda le gardien des clés. Hedvig se leva. Par respect et habitude, Tournemille se retourna, car Hedvig ôtait son armure faussement dorée.
-Je ne reste pas, non. Mais je suis ici. Et tant que je suis là, nous allons avoir des choses à faire.
Quand Tournemille la regarda, après que sa chaise ai raclé le sol chaud de la chambre, car tel était le code, Hedvig portait sa robe. Sa joue ne saignait plus, et elle semblait grandir, emplissant les murs de sa présence et de sa foi. Elle parla en ces termes.
-Tournemille. Deux forgerons m'ont attaqué dans le troisième couloir. Retrouvez-les. Je veux savoir qui ils sont. Je veux en savoir plus. Ne leur parlez pas. Vous irez ensuite à la Garde Mystique, et appellerez Barb'Argent. Ainsi que sa fille. Elle porte toujours, je pense, des nattes que l'on pourrait croire faites d'or. Vous trouverez les sœurs Forge-Remord au coin de la Caverne. Je suppose qu'elles continuent d'y voir leur mère. Elle est peut-être morte. Vous les trouverez alors au cimetière. Terre-Marteau doit travailler à la Grande Forge à l'heure qu'il est. Il y travaille toujours, il y a toujours travaillé. Qu'il ramène les Forger-Or et dame Voûte-Enclume.
-Dame Voûte-Enclume n'est plus, Magissime. Les Forger-Or sont en prison.
Hedvig marqua une pause. Elle referma le livre qu'elle avait dans les mains et le posa calmement au sol.
-Qu'il vienne seul, en ce cas. Vous irez chez Tourneflop, vous réunirez les Pièces qui manquent. Vous irez chez Combheaume, vous irez chez Pâle-Trouble. Vous marcherez jusqu'à Froidebrume. Vous trouverez Andésine. Cessez de m'interrompre (rajouter qu'il l'interrompt). Vous trouverez celles et ceux qui vivent. Vous trouverez celles et ceux qui sont libres. Il est temps.
Tournemille se retira sans mot dire. Hedvig posa ses lunettes sur la table, qui redevenait son bureau, leva les yeux vers le plafond de la chambre, qui redevenait son Cabinet, et lissa le bas de sa robe, qui redevenait sa chape. Elle inspira, expira, pris quelques secondes, puis un livre, et recommença à écrire. "Me revoilà, aujourd'hui, une pierre a été lancé. Elle fera des ronds dans l'eau et dans le ciel, elle fera...(continuer)"
La bougie vacillait, les ombres dansaient avec la lumière.
La Prime Titanologue était de retour.